Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/90

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de feindre ; elle répond à son amant, qu’il est bien le maître de s’épargner le douloureux spectacle qu’il semble appréhender, et qu’elle est la première à lui conseiller d’aller oublier, avec Bellonne, tous les chagrins que lui donne l’amour : mais quoique la comtesse lui eût dit, elle se garde bien d’avoir l’air de soupçonner le courage de son amant, Amélie connaît trop Monrevel pour douter de lui ; elle l’aime trop au fond de son cœur pour oser même des plaisanteries sur une chose aussi sacrée.

C’en est donc fait ; il faut que je vous quitte, s’écrie le châtelain, en arrosant de larmes les genoux d’Amélie, qu’il ose presser encore une fois ! vous avez la force de me l’ordonner ! Eh bien ! je trouverai dans mon esprit celle de vous obéir. Puisse l’heureux mortel à qui je vous laisse connaître le prix de ce que je lui cède ! Puisse-t-il vous rendre aussi heureuse que vous méritez de l’être. Amélie, vous me ferez part de votre félicité ! c’est la seule grâce que je vous demande ; et je serai moins malheureux