Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/98

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en pleurs, jamais ces mains n’oseront se plonger dans le sein d’un être qui me ressemble, et le meurtre le plus affreux des crimes… — N’en est plus un, dès qu’il sauve nos jours… mais quelle faiblesse, chevalier… comme elle est déplacée dans un héros ! que faites-vous donc, je vous prie, en allant aux combats ? ces lauriers, qui vous ceignent, n’y sont-ils pas le prix des meurtres ? vous vous croyez permis de tuer l’ennemi de votre prince, et vous tremblez à poignarder le vôtre, et quelle est donc la loi tyrannique qui peut établir dans la même action une différence aussi énorme ? Ah ! Monrevel, ou nous ne devons jamais attenter aux jours de personne, ou si cette action peut quelquefois nous paraître légitime, c’est alors qu’elle est inspirée par la vengeance d’une insulte… mais que dis-je, et que m’importe à moi ! Frémis, homme faible et pusillanime, et dans l’absurde peur d’un crime imaginaire, abandonne indignement celle que tu aimes aux bras du monstre qui te la ravit, vois ta misé-