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prier, cette considération d’âge devient nulle, parce qu’il ne s’agit nullement ici de ce que peut éprouver l’objet condamné par la nature et par la loi à l’assouvissement momentané des desirs de l’autre, il n’est question, dans cet examen, que de ce qui convient à celui qui desire ; nous rétablirons la balance.

Oui, nous la rétablirons, nous le devons sans doute ; ces femmes que nous venons d’asservir si cruellement, nous devons incontestablement les dédommager, et c’est ce qui va former la réponse à la seconde question que je me suis proposée.

Si nous admettons, comme nous venons de faire, que toutes les femmes doivent être soumises à nos desirs, assurément nous pouvons leur permettre de même de satisfaire amplement tous les leurs ; nos lois doivent favoriser sur cet objet leur tempérament de feu, et il est absurde d’avoir placé et leur honneur et leur vertu dans la force antinaturelle qu’elles mettent à résister aux penchans qu’elles ont reçues avec bien plus de profusion que nous ; cette injustice de nos mœurs est d’autant plus criante, que nous consentons à la fois à les rendre foibles à force de séduction, et à les punir ensuite de ce qu’elles

  Tome II.
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