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fois que la nature, qui, pour le parfait maintient des loix de son équilibre, a tantôt besoin de vices, et tantôt besoin de vertus, nous inspire tour-à-tour le mouvement qui lui est nécessaire ; nous ne faisons donc aucune espèce de mal en nous livrant à ces mouvemens, de telle sorte que l’on puisse les supposer ; à l’égard du ciel, mon cher chevalier, cesse donc, je te prie, d’en craindre les effets, un seul moteur agit dans l’univers, et ce moteur est la nature ; les miracles, ou plutôt les effets physiques de cette mère du genre humain, différemment interprêtés par les hommes, ont été déifiés par eux sous mille formes plus extraordinaires les unes que les autres ; des fourbes ou des intrigans, abusant de la crédulité de leurs semblables, ont propagé leurs ridicules rêveries, et voilà ce que le chevalier appelle le ciel, voilà ce qu’il craint d’outrager… Les loix de l’humanité, ajoute-t-il, sont violées dans les fadaises que nous nous permettons ; retiens donc une fois pour toutes, homme simple et pusillanime,(après vérification sur l’exemplaire de google-books, il s’agit bien ici d’une virgule.) que ce que les sots appellent humanité n’est qu’une foiblesse née de la crainte et de l’égoïsme ; que cette chimérique vertu n’enchaînant que les hommes foibles, est inconnue de ceux dont le stoïcisme, le courage et la philo-