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ridicule dieu ; les statues de Mars, de Minerve et de la liberté seront mises aux endroits les plus remarquables de leurs habitations, une fête annuelle s’y célébrera tous les ans, la couronne civique y sera décernée au citoyen qui aura le mieux mérité de la patrie ; à l’entrée d’un bois solitaire Vénus, l’hymen et l’amour érigées sous un temple agreste, recevront l’hommage des amans ; là ce sera par la main des graces que la beauté couronnera la constance, il ne s’agira seulement pas d’aimer pour être digne de cette couronne, il faudra encore avoir mérité de l’être ; l’héroïsme, les talens, l’humanité, la grandeur d’ame, un civisme à l’épreuve ; voilà les titres qu’aux pieds de sa maîtresse sera forcé d’établir l’amant ; et ceux-là vaudront bien ceux de sa naissance et de la richesse, qu’un sot orgueil exigeroit autrefois. Quelques vertus au moins éclorront de ce culte, tandis qu’il ne naît que des crimes de celui que nous avons eu la foiblesse de professer. Ce culte s’alliera avec la liberté que nous servons, il l’animera, l’entretiendra, l’embrassera, au lieu que le théïsme est par son essence et par sa nature la plus mortelle ennemie de la liberté que nous servons.

En coûta-t-il une goutte de sang, quand les idoles payennes furent détruites dans le bas em-