loix toujours suspendu sur les passions ? S’il est
donc prouvé que ce supplément de freins imposé
par l’idée d’un dieu, devienne inutile,
s’il est démontré qu’il est dangereux par ses autres
effets, je demande à quel usage il peut donc
servir, et de quels motifs nous pourrions nous
appuyer pour en prolonger l’existence ? Me dira-t-on
que nous ne sommes pas assez mûrs pour
consolider encore notre révolution d’une manière
aussi éclatante ? ah, mes concitoyens, le chemin
que nous avons fait depuis 89 est bien autrement
difficile que celui qui nous reste à faire,
et nous avons bien moins à travailler l’opinion
dans ce que je vous propose, que nous ne l’avons
tourmenté en tout sens, depuis l’époque du renversement
de la bastille ; croyons qu’un peuple
assez sage, assez courageux, pour conduire un
monarque impudent du faîte des grandeurs aux
pieds de l’échaffaud, qui dans ce peu d’années
sut vaincre autant de préjugés, sut briser tant
de freins ridicules, le sera suffisamment, pour
immoler au bien de la chose, à la prospérité de
la république un phantôme bien plus illusoire encore
que ne pouvoit l’être, celui d’un roi. François,
vous frapperez les premiers coups, votre
éducation nationale fera le reste ; nous travaillez
Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/91
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
Tome II.
H