l’on évite donc avec le plus grand soin de mêler
aucune fable religieuse dans cette éducation nationale,
ne perdons jamais de vue que ce sont des
hommes libres que nous voulons former, et non
de vils adorateurs d’un dieu ; qu’un philosophe
simple instruise ces nouveaux élèves des sublimités
incompréhensibles de la nature, qu’il leur
prouve que la connoissance d’un dieu, souvent très-dangereuse
aux hommes, ne servit jamais à leur
bonheur, et qu’ils ne seront pas plus heureux en
admettant comme cause de ce qu’ils ne comprennent
pas quelque chose qu’ils comprendront encore
moins ; qu’il est bien moins essentiel d’entendre
la nature que d’en jouir, et d’en respecter
les loix ; que ces loix sont aussi sages que simples,
qu’elles sont écrites dans le cœur de tous les
hommes, et qu’il ne faut qu’interroger ce cœur,
pour en démêler l’impulsion ; s’ils veulent qu’absolument
vous leur parliez d’un créateur, répondez
que les choses ayant toujours été ce qu’elles
sont, n’ayant jamais eu de commencement et ne
devant jamais avoir de fin, il devient aussi inutile
qu’impossible à l’homme de pouvoir remonter à
une origine imaginaire qui n’expliqueroit rien et
n’avanceroit à rien, dites-leur qu’il est impossible
aux hommes d’avoir des idées vraies d’un
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