Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome I, 1795.djvu/10

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ne dînons qu’à sept, nous aurons, comme tu vois, tout le temps de jaser.

Madame de Saint-Ange.

Sais-tu, mon frère, que je me repents un peu, et de ma curiosité, et de tous les projets obscènes formés pour aujourd’hui ; en vérité, mon ami, tu es trop indulgent, plus je devrais être raisonnable, plus ma maudite tête s’irrite et devient libertine : tu me passes tout, cela ne sert qu’à me gâter… À vingt-six ans, je devrais être déjà dévote, et je ne suis encore que la plus débordée des femmes… On n’a pas d’idée de ce que je conçois, mon ami, de ce que je voudrais faire. J’imaginais qu’en m’en tenant aux femmes, cela me rendrait sage ;… que mes desirs concentrés dans mon sexe, ne s’exhaleraient plus vers le vôtre ; projets chimériques, mon ami, les plaisirs dont je voulais me priver, ne sont venus s’offrir qu’avec plus d’ardeur à mon esprit, et j’ai vu que quand on était, comme moi, née pour le libertinage, il devenait inutile de songer à s’imposer des freins, de fougueux desirs les brisent