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ciété de gens faux ! Or s’il est vrai, comme en le prétend, que les vertus soient de quelque utilité dans la vie civile, comment voulez-vous que celui qui n’a ni la volonté, ni le pouvoir, ni le don d’aucune vertu, ce qui arrive à beaucoup de gens ; comment voulez-vous, dis-je, qu’un tel être ne soit pas essentiellement obligé de feindre pour obtenir à son tour un peu de la portion de bonheur que ses concurrens lui ravissent ? Et dans le fait, est-ce bien sûrement la vertu, ou son apparence, qui devient réellement nécessaire à l’homme social ? ne doutons pas que l’apparence seule lui suffise ; il a tout ce qu’il faut en la possédant. Dès qu’on, ne fait qu’effleurer les hommes dans le monde, ne leur suffit-il pas de nous montrer l’écorce ? Persuadons-nous bien, au surplus, que la pratique des vertus n’est guère utile qu’à celui qui la possède, les autres en retirent si peu, que, pourvu que celui qui doit vivre avec nous paraisse vertueux, il devient parfaitement égal qu’il le soit en effet ou non ; la fausseté, d’ailleurs, est presque toujours