Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome I, 1795.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 9 )


me présente… je veux au moins quelques apprêts ; gardez-vous en bien, me dit le Marquis, vous ôteriez la moitié des sensations que Dolmancé attend de vous ; il veut qu’on le pourfende… il veut qu’on le déchire ; il sera satisfait, dis-je, en me plongeant aveuglément dans le gouffre… et tu crois peut-être, ma sœur, que j’eus beaucoup de peine… pas un mot ; mon vit, tout énorme qu’il est, disparut sans que je m’en doutasse, et je touchais le fond de ses entrailles sans que le bougre eût l’air de le sentir. Je traitai Dolmancé en ami, l’excessive volupté qu’il goûtait, ses frétillemens, ses propos délicieux, tout me rendit bientôt heureux moi-même, et je l’inondai. À peine fus-je dehors que Dolmancé se retournant vers moi échévelé, rouge comme une bacchante : tu vois l’état où tu m’as mis cher Chevalier, me dit-il, en m’offrant un vit sec et mutin, fort long, et d’au moins six pouces de tour, daigne, je t’en conjure, ô mon amour, me servir de femme après avoir été mon amant, et que je puisse dire que j’ai goûté dans tes bras divins tous