ne devait de tendresse qu’à lui. Cette assertion
n’est point sans apparence, et, quoique
femme, je ne m’aviserais pas de la combattre.
Je trouve dans mon cœur la preuve de ce que tu me dis, ma bonne, car j’aime mon père à la folie, et je sens que je déteste ma mère.
Cette prédilection n’a rien d’étonnant ; j’ai pensé tout de même ; je ne suis pas encore consolé de la mort de mon père, et lorsque je perdis ma mère, je fis un feu de joie,… je la détestais cordialement. Adoptez, sans crainte, ces mêmes sentimens, Eugénie, ils sont dans la nature, uniquement formés du sang de nos pères, nous ne devons absolument rien à nos mères, elles n’ont fait d’ailleurs que se prêter dans l’acte, au-lieu que le pere l’a sollicité ; le père a donc voulu notre naissance pendant que la mère n’a fait qu’y consentir ; quelle différence pour les sentimens !
Mille raisons de plus sont en ta faveur,