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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/115

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lement, dequoy ils estoient au com-112||mencement tous estonnez, pour n’y auoir personne en tous ces pays-là, qui n’en prenne et vse, pour à faute de vin et d’espices eschauffer cet estomach, et aucunement corrompre tant de cruditez prouenantes de leur mauuaise nourriture.

Lorsque, pour quelque nécessité ou affaire, il nous falloit aller d’vn village à vn autre, nous allions librement loger et manger en leurs Cabanes, ausquelles ils nous recevoient et traictoient fort humainement, bien qu’ils ne nous eussent aucune obligation : car ils ont cela de propre d’assister les passans, et receuoir courtoisement entr’eux toute personne qui ne leur est point ennemie : et à plus forte raison, ceux de leur propre Nation, qui se rendent l’hospitalité réciproque, et assistent tellement l’vn l’autre, qu’ils pouruoyent à la nécessité d’vn chacun, sans qu’il y ait aucun pauure mendiant parmy leurs villes et villages, et trouuoient fort mauuais entendans dire qu’il y auait en France grand nombre de ces nécessiteux et mendians, et pensoient que cela fust faute de charité qui fust en nous, et nous en blasmoient grandement.