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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/140

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Ils font quelquesfois des festins où l’on ne prend rien que du petun, auec leur pipe ou calumet, qu’ils appellent Anondahoin : et en d’autres où l’on ne mange rien que du pain ou foùasse pour tout mets, et pour l’ordinaire ce sont festins de songeries, ou qui ont esté ordonnez par le Medecin ; les songes resueries et ordonnances duquel sont tellement bien obseruées, qu’ils n’en obmettroient pas vn seul iota, qu’ils n’y fassent toutes les façons, pour l’opinion et croyance qu’ils y ont. Aucunesfois il faut que tous ceux qui sont au festin soient à plusieurs pas l’vn de l’autre, sans s’entre-toucher. Autresfois quand les festinez sortent, l’adieu et remerciement qu’ils doiuent faire, est vne laide grimace au Maistre du festin, ou au malade, à l’intention duquel le festin aura esté faict. À d’autres il ne leur est permis de lascher du vent 24. heures, dans lequel temps s’ils faisoient au contraire, ils se persuaderoient qu’ils mourroient, tant ils sont ridicules et superstitieux à leurs songes, quoy qu’ils mangent de l’Andataroni, c’est à dire fouasse ou galette, qui sont choses fort venteu-148||ses. Quelquefois il faut qu’apres qu’ils sont bien saouls, et ont le ventre bien plein, qu’ils rendent gorge, et reuomissent aupres d’eux tout ce qu’ils ont mangé, ce qu’ils font facilement. Ils en font de tant d’autres sortes, et de si impertinents, que cela seroit ennuyeux à lire, et trop long à escrire ; c’est pourquoy ie m’en deporte, et me contente de ce que i’en ay escrit, pour contenter aucunement les plus curieux des ceremonies estrangeres.

De quelque animal que se fasse le festin, la teste entiere est tousiours donnée et presentée au principal