Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/143

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en la maniere qu’il aura esté ordonné, et qu’ils prennent courage, que c’est pour vne telle intention, nommant le suiet de la dance : ceux des villages circonuoysins ont le mesme aduertissement, et sont aussi priez de s’y trouuer, comme ils font, à la volonté d’vn chacun : car l’on n’y contraint personne.

Cependant on dispose vne des plus grandes Cabanes du lieu, et là estans tous arriuez, ceux qui ne sont là que pour estre spectateurs, comme les vieillards, les vieilles femmes et les enfans se tiennent assis sur les nattes contre les establies, et les autres au dessus, du long de la Cabane, puis deux Capitaines estant debout, chacun vne Tortuë en la main (de celles qui seruent à chanter et souffler les malades) chantent ainsi au milieu de la dance, vne chanson, à laquelle ils accordent le son ||152 de leur Tortuë ; puis estant finie ils font tous vne grande acclamation disans, Héééé, puis en recommencent vne autre, ou repetent la mesme iusques au nombre des reprises qui auront esté ordonnées, et n’y a que ces deux Capitaines qui chantent, tout le reste dit seulement, Het, het, het, comme quelqu’un qui aspire avec vehemence : et puis tousiours à la fin de chaque chanson vne haute et longue acclamation, disans Héééé.

Toutes ces dances se font en rond, du moins en oualle, selon la longueur et largeur des Cabanes ; mais les danceurs ne se tiennent point par la main comme par deçà, ains ils ont tous les poings fermez ; les filles les tiennent l’vn sur l’autre, esloignez de leur estomach, et les hommes les tiennent aussi fermez, esleuez en l’air, et de toute autre façon, en la maniere d’vn homme qui menace, auec mouuement