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Des ceremonies qu’ils obseruent à la pesche.

Chapitre XIX.


C esireux de voir les ceremonies et façons ridicules qu’ils obseruent à la pesche du grand poisson, qu’ils appellent Assihendo, qui est vn poisson gros comme les plus grandes moluës, mais beaucoup meilleur, je partis de Quieunonascaran, auec le Capitaine Auoindaon, au mois d’Octobre, et nous embarquasmes sur la mer douce dans vn petit Canot, moy cinquiesme, et prismes la route du costé du Nord, où, apres auoir long temps nauigé et aduancé dans la mer, nous nous arrestables et prismes terre dans vne Isle commode pour la pesche, et y cabanasmes proche de plusieurs mesnages qui s’y estoient desia accommodez pour le mes-253||me suiet de la pesche. Dés le soir de nostre arriuée, on fist festin de deux grands poissons, qui nous auoient esté donnez par vn des amis de nostre Sauuage, en passant deuant l’Isle où il peschoit : car la coustume est entr’eux, que les amis se visitans les vns les autres au temps de la pesche, de se faire des presens mutuels de quelques poissons. Nostre Cabane estant dressée à l’Algoumequine, chacun y choisit sa place, aux quatre coins estoient les quatre principaux, et les autres en suite, arrangez, les vns ioignans les autres, assez pressez. On m’auoit donné vn coin dés le commencement ; mais au mois de Nouembre, qu’il commence à faire vn peu de froid, ie