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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/304

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Paris, ne me permist pas d’y retourner, comme i’eusse bien désiré.

Auant mon depart nous les conduismes dans nostre Conuent, leur fismes festin, et toute la courtoisie et tesmoignage d’amitié à nous possible, et leur donnasmes à tous quelque petit present, particulierement au Capitaine et Chef du Canot, auquel nous donnasmes vn Chat pour porter à son pays, comme chose rare et à eux incogneuë : ce present luy agrea infiniment et en fit grand estat ; mais voyant que ce Chat venoit à nous lors que nous l’appellions, il coniectura378||de là qu’il estoit plein de raison et qu’il entendoit tout ce que nous luy disions : c’est pourquoy, apres nous auoir humblement remercié d’vn present si rare, il nous pria de dire à ce Chat que quand il seroit en son pays qu’il ne fist point du mauuais, et qu’il ne s’en allast point courir par les autres Cabanes ny par les forests ; mais qu’il demeurast tousiours dans son logis pour manger les Souris, et qu’il l’aymeroit comme son fils, et ne luy laisseroit auoir faute de rien.

Ie vous laisse à penser et considerer la naïfueté et simplicité de ce bon homme, qui pensoit encore le mesme entendement et la mesme raison estre au reste des animaux de l’habitation, et s’il fut pas nécessaire le tirer de cette pensée et le mettre lui-mesme dans la raison, puis que desia il m’auoit faict auparauant la mesme question, touchant le flux et reflux de la mer, qu’il croyoit par cet effect estre animée, entendre et auoir vne volonté.

C’est à present, c’est à cette heure, qu’il faut que