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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/83

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comme ils sçauent bien se supporter les vns les autres, et s’entresecourir et assister au besoin ; et peux dire auec verité, que i’ay trouué plus de bien en eux, que le ne m’estois imaginé, et que l’exemple de leur patience estoit cause que ie m’esforçois dauantage à supporter ioyeusement et constamment tout ce qui m’arrinoit de fascheux, pour l’amour de mon Dieu, et l’édification de mon prochain.

66|| Estans donc par les champs, l’heure de se cabaner venue, ils cherchoient à se mettre en quelque endroict commode sur le bord de la riuiere, ou autre part, où se pust aysement trouuer du bois sec à faire du feu, puis vn auoit soin d’en chercher et amasser, vn autre de dresser la Cabane, et le bois à pendre la chaudiere au feu, vn autre de chercher deux pierres plates pour concasser le bled d’Inde sur vne peau estendue contre terre, et apres le verser et faire bouillir dans la chaudiere ; estant cuit fort clair, on dressoit le tout dans les escuelles d’escorces, que pour cet effect nous portions quant-et-nous auec des grandes cueilliers, comme petits plats, desquelles on se sert à manger cette Menestre et Sagamité soir et matin, qui sont les deux fois seulement que l’on fait chaudière par iour, sçauoir quand on est cabané au soir, et au matin auant que partir, et encore quelquesfois ne le faisions-nous point, de haste que nous auions de partir, et par-fois la faisions-nous auant iour : que si nous nous rencontrions deux mesnages en vne mesme Cabane, chacun faisoit sa chaudiere à part, puis tous ensemblement les mangions l’vne apres l’autre, sans au 67|| cun debat ny contention, et chacun participoit et à l’vne et à l’autre : mais pour moy ie