Il passa dix-huit mois en Alsace, tâtant le terrain à Paris pour savoir s’il y pourrait revenir sans danger, si la cour ne lui témoignerait pas d’hostilité. Peu rassuré par les renseignements qu’il reçut à cet égard, il vint se fixer sur les bords du lac de Genève, ayant un pied en France, l’autre en Suisse, de façon à fuir au besoin les persécutions que le fanatisme religieux pourrait lui susciter, soit d’un côté, soit de l’autre.
Il se fit ainsi, en ayant soin de ménager ses voisins, une sorte de petite principauté indépendante, cultivant ses terres, fondant des villages, établissant des industries.
C’est là, à Tourney d’abord, puis aux Délices et à Ferney, qu’il passa les vingt-trois dernières années de sa vie. Du fond de sa retraite il suivait le mouvement des esprits dans toute l’Europe, encourageant les efforts des philosophes et les soute-