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Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/117

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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

fait, comme nous l’avons montré, de grands efforts pour suivre pas à pas dans leur théorie la version mosaïque. Ce fut peut-être pour Voltaire un motif de se prononcer contre ces systèmes, car on sait qu’il aimait à prendre l’Écriture en défaut.

En dehors de toute idée préconçue à cet égard, il n’avait que trop de raisons de critiquer des théories dont les auteurs avaient fait tant de frais d’imagination.

C’est contre leur tendance que Voltaire se révolte, et, par un mouvement de réaction énergique, il se place tout de suite au point de vue diamétralement opposé. L’excès des conceptions utopiques l’amène à ne souffrir aucune explication des phénomènes. Il ne veut pas entendre parler de révolutions survenues autrefois sur notre globe. La terre est ce qu’elle est, prenons-la en bloc telle que nous la voyons, et ne cherchons pas à imaginer comment ses différentes parties ont pu se former. C’est un tout indivisible, comme le corps humain. Nous n’imaginons pas que des accidents successifs aient créé le squelette du corps, attaché les jambes au bassin ou les bras aux épaules. De même la terre a une assiette de continents et une ossature de montagnes qui lui donnent son individualité et qui la rendent propre au rôle qu’elle remplit. Des chaînes de rochers apparaissent d’un bout de l’univers à l’autre, arrangées avec un ordre infini, s’ouvrant en plusieurs endroits pour laisser aux fleuves et aux bras de mer l’espace dont ils ont besoin. Elles sont des pièces essentielles à la machine du monde ; elles reçoivent l’eau des mers, purifiée par une évaporation continuelle, la répandent en pluies ou la font couler en fleuves et en rivières. Dans leur disposition régulière. Voltaire ne reconnaît aucune trace des bouleversements qu’on veut placer à