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Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/170

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LES PRIX ANNUELS.

peu à peu se soumettre à son contrôle ; les particuliers, l’administration, prennent l’habitude de la consulter sur les grandes questions où sa voix peut se faire entendre avec utilité. Tous les géomètres, tous les savants, lui adressent leurs mémoires, et elle s’astreint à examiner régulièrement tout ce qui lui est envoyé ; de 1699 à 1790, ses archives ne contiennent pas moins de dix mille rapports. Avec un budget des plus modestes, — 30 000 ou 40 000 livres tout au plus, dont la plus grande part constituait les pensions des membres, — elle trouve moyen de fonder des prix et de susciter ainsi sur une foule de problèmes, des recherches intéressantes.

L’initiative privée lui vint en aide à cet égard, et il est juste d’appeler l’attention sur le nom de Rouillé de Meslay, qui donna le signal de pareilles libéralités.

Rouillé de Meslay, conseiller au parlement, mort en 1715, légua à l’Académie des sciences une rente de 4000 livres, au principal de 100 000 livres, constituée à son profit par les prévôts des marchands et échevins de la ville de Paris, à condition que MM. de l’Académie proposeraient tous les ans un prix de la moitié de ladite somme, pour donner à qui aurait le mieux réussi « par raison et non par éloquence, » en quelque langue et style que ce fût, dans une dissertation « touchant ce qui contient, soutient et fait mouvoir en ordre les planètes et autres substances contenues dans l’univers, le fond premier et principal de leurs productions et formations, le principe de la lumière et du mouvement. » L’autre moitié de la somme devait être affectée « aux rétributions ou épices de MM. les juges » et aux frais de publication. Rouillé de Meslay donnait encore à l’Académie, dans les mêmes conditions, une rente de 1000 livres pour la fondation d’un prix destiné à récompenser