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Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/191

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L’ACADÉMIE ET LES ACADÉMICIENS.

gnèrent pas leurs plaintes au sujet de cette construction massive qu’il a fallu corriger par toutes sortes d’artifices, et dont l’incommodité vient encore de donner lieu sous nos yeux à des controverses animées. Ils prétendaient que Claude Perrault n’avait écouté que d’une oreille distraite les recommandations des gens techniques, notamment de l’abbé Picard, et qu’il avait fait passer la beauté des lignes, la majesté des formes, avant les commodités de la science.

Le premier directeur de l’Observatoire — mais directeur sans titre officiel — fut un de ces Italiens qui, depuis les Médicis, avaient pris l’habitude de venir chercher fortune en France. Recommandé à Colbert par Picard et Auzout, Jean-Dominique Cassini éclipsa bientôt ses protecteurs. Homme d’esprit, homme de cour, il sut se pousser auprès du roi. Il apportait dans les questions de sciences beaucoup de finesse et de perspicacité ; mais, sans manquer de science véritable, il savait surtout jeter de la poudre aux yeux. C’était, comme nous dirions aujourd’hui, un « faiseur ». Il excellait à tirer parti de ses collaborateurs et à extraire des circonstances tout ce qui pouvait servir à sa fortune. Ayant trouvé deux nouveaux satellites de Saturne (1671 et 1672), il se hâta de faire remarquer que cette découverte portait à quatorze le nombre des astres errants : c’était le chiffre même du Roi-soleil. Le grand Louis aimait ces flatteries, et il récompensa celle-là par une grasse pension. Cassini détruisit lui-même le sujet de cette flagornerie en découvrant encore, au mois de mars 1684, deux nouveaux satellites de Saturne ; mais il avait obtenu le résultat qu’il cherchait.

Comme nous venons de le dire, Cassini ne portait pas officiellement le titre de directeur de l’Observatoire. La somme annuelle de 9000 livres qu’il touchait était considérée comme