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Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/86

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MORT DE MADAME DU CHÂTELET.

ans, de bien plus grands hommes en physique et en géométrie qu’aujourd’hui, et à peine parlait-on d’eux. Les choses ont bien changé. J’ai aimé la physique tant qu’elle n’a point voulu dominer sur la poésie ; à présent qu’elle écrase tous les arts, je ne veux plus la regarder que comme un tyran de mauvaise compagnie… On ne saurait parler physique un quart d’heure et s’entendre. On peut parler poésie, musique, histoire, littérature, tout le long du jour. »

Et en effet, à partir de 1742, Voltaire ne s’occupe plus guère de Newton et consorts ; les études historiques reprennent chez lui tout le terrain que la physique a perdu.

Voici venir d’ailleurs l’année 1743, pendant laquelle il devient une manière de diplomate ; il court sur les bords du Rhin avec une mission secrète obtenue par le crédit de madame de Châteauroux ; il va à La Haye, il va à Postdam ; il est chargé de brouiller les états généraux de Hollande avec le roi de Prusse et d’amener ce prince à recommencer la guerre contre l’Autriche.

Les quatre ou cinq dernières années du séjour à Cirey sont consacrées à de nombreux voyages à Paris, puis à des excursions fréquentes à la cour du roi Stanislas.

Nous arrivons ainsi aux incidents qui coûtèrent la vie à madame du Châtelet et qui, en brisant tout à coup les liens qui retenaient Voltaire depuis quinze années, vinrent le jeter dans une nouvelle existence.

On a maintes fois raconté la mort de madame du Châtelet, et tout le monde connaît les épisodes singuliers qui l’amenèrent ; nous pouvons cependant rappeler en quelques mots ces incidents bizarres, burlesques parfois, qui devaient aboutir à une catastrophe. Ils sont, à vrai dire, dans notre sujet, tant