Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/111

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Au reste, ô bonheur estrange !
Cet admirable vainqueur
Dessous vos beautez se range,
Et vous veut donner son cœur.
Amour, dont nul ne s’exente,
Tout ainsi qu’il le présente
Dit qu’il l’accepte pour vous.
Vostre bon pere l’approuve,
Et, quant à moy, je le trouve
Aussi juste qu’il est dous.

Ainsi cette belle reine
La princesse entretenoit,
Pour chasser du tout sa peine,
Tandis qu’on la deschainoit.
Ces mots lui flattent l’oreille,
Une douceur nompareille
L’engage à de nouveaux fers,
Et son ame enfin se noye
Dans une discrette joye
Des biens qui luy sont offerts.

Cependant qu’elle s’habille
D’un précieux vestement,
Qui semble, à l’or dont il brille,
Parler de contentement,
Le Roy, tout transporté d’aise,
D’autre part baise et rebaise
La main de son defenseur,
Et d’un cœur loyal ordonne
Que d’elle et de sa couronne
Il soit fait le possesseur.

De vouloir icy decrire
Les propos longs et charmans
Qu’a l’abord se purent dire
Ces beaux et parfaits amans,