Chaque feuille est un cœur qui montre en sa verdure
Comme il l’avoit requis, que son amitié dure ;
La preuve s’en confirme en ses embrassemens,
Et tout se perd en luy, hormis les sentimens ;
Car on diroit, à voir ses branches enlacées,
Que, se ressouvenant de ses peines passées,
Et voulant conserver son bien present aussi,
De peur qu’il ne s’echappe, il l’environne ainsi.
Orgueilleuse Sylvie, à qui ces vers s’adressent
Que je serois heureux, dans les maux qui m’oppressent,
Si j’osois esperer qu’au moins après la mort
J’obtinsse quelque jour un pareil reconfort !
Mais, au contraire, helas ! vos rigueurs sont si grandes,
Que j’ay beau les flater des plus dignes offrandes ;
Je croy qu’elles voudroient que je fusse immortel,
Afin tant seulement que mon ennuy fust tel.
Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/122
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