Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/192

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S’en aller en quelques lieux sombres
Loger Phœbus entre les ombres,
Et faire en ceste obscurité
Un vers digne de la clarté ?
Ou par fois ouyr Philomelle,
Saluant la saison nouvelle,
Par un doux chant se consoler
Du temps qu’elle fut sans parler.
Quand l’infame et cruel Terée
Après l’avoir deshonorée,
La réduisit, pour toute vois,
Au triste ouvrage de ses doits ?
Toutes ces belles fantaisies.
De qui nos ames sont saisies,
Sont-elles, dis-je, le sujet
Qui te porte à ce beau projet ?
Parle, cher amy, je t’en prie,
Si tu ne veux que je m’escrie :
On fait à sçavoir que Faret
Ne rime plus à cabaret ;
Ce seul départ l’en rend indigne,
Il est degradé de la vigne,
Et Bacchus, nostre puissant roy,
Suivant les règles de sa loy,
Le casse, et luy défend de boire
Que dans la Seine ou dans la Loire,
Puisqu’il délaisse, amy de l’eau,
Paris pour un Fontaine-bleau :
Paris, où ce grand dieu preside,
Paris, ou la Coiffier[1] reside,

  1. La Coiffier étoit une pâtissière qui tenoit le cabaret de la Fosse-aux-Lions. Elle fut la première, dit Tallemant, à traiter par tête. — Voy. Édouard Fournier, Hist. des hôtelleries et cabarets