Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/198

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Le bon Sanche y semble accourir
Aux doleances de son maistre,
Et, comme s’il alloit mourir,
Luy faire un office de prestre.
Là-dessus, panché sur le groin
De ce beau chevalier de foin,
Il luy visite la maschoire,
Quand l’antre luy renarde aux yeux
Le baume qu’ils venoient de boire
Pour se le rendre à qui mieux mieux.

Un peu plus loing on l’apperçoit
Sur son rossignol d’Arcadie,
Dont à la mine qui deçoit
On pense ouyr la melodie.
Proche de là, le pauvre sot
Est contraint de payer l’escot
En especes de capriolles[1],
Allant conter au firmament
Qu’on peut bien dancer sans violles
Quand la berne sert d’instrument.

Là, blond et beau comme un Medor,
Le plat à laver de sainct Cosme[2]
Passe pour demy-casque d’or
Sur le chef de nostre fantasme ;
Là, l’escuyer tout transporté
Baigne ses yeux dans la clarté
De cent ducats qu’il accumule,
Et, riant comme un farfadet,
Se console auprès d’une mule
De la perte de son baudet.

Là se fait voir, quenouille en main,

  1. En espèces, en monnaie de singe.
  2. Saint Cosme étoit le patron des chirurgiens et barbiers.