Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/202

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Où, quand Priape l’en conjure,
Il s’en va dauber du gigot.

Il se sert aussi quelquefois
De decrotoire au lieu de brosse ;
Ses ongles, plus longs que ses doits,
Luy sont des curedents d’Escosse.
Pour chenet il n’a qu’un pavé,
D’une botte il fait un privé,
D’un boussin[1] d’ail une pistache,
D’une seringue un pistolet,
D’un compas un fer à moustache,
Et d’une rotonde un collet.

Puis quand, pour prendre son repos,
Las, et non soul de la debauche,
Il donne le bon soir aux pots
En faisant demy-tour à gauche,
De sa nappe il fait son linceul,
Un aix qui se plaint d’estre seul
Luy fournit de couche et de table,
La muraille y sert de rideau,
Bref, cette chambre est une estable
Où la peste a tenu bordeau.

Toutesfois, nous ne laissons pas,
Trinquans et briffans comme drôles,
D’y faire un aussi bon repas
Qu’on puisse faire entre deux pôles ;
Nous y beuvons à ta santé
Du meilleur qu’ait jamais vanté
François Paumier, ce grand yvrongne,
Sans nul soucy de l’advenir,
Si ce n’est de revoir ta trongne
Et de vivre en ton souvenir.

  1. Mot gascon ; un morceau.