Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/214

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Que mes sens d’horreur occupez
Ne s’estoient pas beaucoup trompez :
Car, puis que c’est un pauvre diable,
Devoit-il pas estre croyable
Que ce fust un esprit aussi ?
Quant à moy, je le juge ainsi.
Ses discours, pleins d’une élégance
Qui fait rage en l’extravagance
D’un galimathias de mots
Où Mercure en a dans le dos,
Nous preschent avec des miracles
Que ses vers sont autant d’oracles ;
Aussi le sont-ils en ce point :
C’est que l’on ne les entend point.
Mais c’est trop parler d’une chose,
J’ai trouvé Dieu-te-gard’ la-Rose[1]
Chez la Picarde au bavolet,
Qui dançoit avec son valet,
Sur le chant de « Miséricorde,
L’on se pend bien souvent sans corde »,
Une sarabande qu’amour
A mise en crédit à la cour.
Ce grand benest, de haute game,
Fasché du mespris de la dame,
Et souspirant à l’environ
Comme un soufflet de forgeron.
S’est venu plaindre à mon oreille
Qu’on ne vit jamais sa pareille ;
Que la cervelle de Guerin[2],


    vroit se nommer le couvent de Jacob. — D’où le nom de deux rues : rue Jacob, rue des Grands-Augustins.

  1. Nom de guerre.
  2. Peut-être s’agit-il ici du fameux Robert Guérin, si connu
    sous le nom de La Fleur, et surtout de Gros-Guillaume. « Après
    avoir été long-temps boulanger, dit Sauval, il devint farceur à l’hôtel de Bourgogne, et prit le nom de La Fleur à cause de