Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/31

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gneur Jésus-Christ, dès qu’ils étoient composés en petits vers. Ce livre est de 1649. En 1648, le nouveau dictionnaire des rimes, publié chez Courbe, fait aussi une concession au burlesque. « Le volume n’auroit pas esté si gros, dit l’avertissement, si le bourlesque ne m’eust obligé à mettre beaucoup de mots qui ne sont plus en usage qu’en ce genre-là. »

Malgré le dédain de quelques bons esprits, le burlesque comptoit de nombreux partisans. Ce genre d’écrits, disoient ceux-ci, a un but moral ; il déconcerte la vanité humaine, en présentant les plus grandes choses et les plus sérieuses d’un côté ridicule et bas. Le travail de Saint-Amant avoit donc son utilité ; mais un ouvrage collectif marche lentement, et pour Saint-Amant ce ne fut pas une grande fatigue de se tenir au courant ; et encore s’y tenoit-il ? Je crois qu’il n’y songeoit guère, et qu’il n’étoit pas moins disposé que Bois-Robert à railler un établissement qu’ils avoient l’un et l’autre contribué à fonder.

En 1643, suivant la Bibliothèque des théâtres, fut faite, et en 1650 selon Pellisson, fut imprimée une comédie en trois actes et en vers qui mérite plutôt le nom de farce que celui de comédie, mais qui n’est pas sans esprit et qui a des endroits fort plaisants : c’est la comédie de l’Académie, des académiciens ou encore des académistes, que nous trouvons parmi les ouvrages de Saint-Evremont, mais que « quelques uns ont voulu attribuer à un académicien même, parceque cet ouvrage ne se rapporte pas mal à son style, à son esprit et à son humeur, et qu’il y est parlé de lui comme d’un homme qui ne fait guère d’état de ces conférences. » Ce faux frère qui attaquait les académiciens, dans la pensée de Pellisson, c’étoit Saint-Amant. Calomnie ! Et puis, voyez les erreurs ! Faret est mis aussi au rang des personnages négligents. Mieux que personne, Saint Amant savoit que Faret étoit un des académiciens les plus influents et les plus zélés, et qu’on faisoit dans la compagnie grand cas de son talent de prosiste.

La pièce s’ouvre par une scène entre Saint-Amant et Faret ; ils ne sont là que pour médire : ils n’ont d’égards