Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/316

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Le doux tiran des cœurs luy vueille disputer
Le sceptre de mon ame, et sur luy l’emporter.
Mais, le courtois qu’il est, tant s’en faut qu’il s’en fasche :
Il dit qu’il en est aise, et que sa main le lasche
Avec condition que, regnans à moitié,
Elle aura mon amour et luy mon amitié.




REGRETS.


J’ay veu repandre des larmes
À ces beaux vainqueurs
Où brille avec tant de charmes
Le doux roi des cœurs ;
J’ay veu les yeux que j’adore
Imiter pour moy l’aurore
Au lever du jour,
Et je n’ay pas fait encore
Un excès d’amour !

J’ay veu ma chère Cephise,
D’un soupir ardant,
Montrer comme elle est éprise,
En me regardant ;
J’ay veu son beau sein d’yvoire,
Prez de qui la neige est noire,
Esmeu de mon sort,
Et je n’ay pas pour sa gloire
Enduré la mort !