Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/328

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L’autre sur ma trogne se rue,
Me rendant presque tout meseau[1]
Je les poursuy, je les attrape,
Et sans m’epargner le museau
Pour les y tuer je me frape.

Cent rats, d’insolence animez,
Se querellent sous une table
Où jamais repas delectable
N’apparut aux yeux affamez.
Là tantost aux barres ils jouent ;
Là tantost ils s’entre-secouent.
Pipans d’un ton aigre et mutin,
Et tantost cette fauce race
S’en vient ronger, pour tout festin,
Les entrailles de ma paillace.

Une troupe de farfadets
Differens de taille et de forme,
L’un ridicule, l’autre enorme,
S’y demene en diables-cadets ;
Ma viziere en est fascinée,
Mon ouye en est subornée,
Ma cervelle en est hors de soy ;
Bref, ces fabriqueurs d’impostures
Estalent tout autour de moy
Leurs grimaces et leurs postures.

Les rideaux ne m’empeschent point
De voir toutes leurs singeries ;
Ces infernales nigeries
Me font fremir sous l’embonpoint.
J’ay beau, pour en perdre l’image,
Qui me baille un teint de fromage,

  1. Couvert de plaies comme un lépreux. — Ce mot ne se trouve plus dans les lexiques postérieurs à Cotgrave.