Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/415

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Aux beaux rayons de ses yeux pleins de charmes
Souvent les miens d’aise jettent des larmes ;
Je m’en esbranle, et, tout tel que je suis,
Pour le flatter je fais ce que je puis. »

Ainsi par fois semble en sa grande image
Parler ce prince à qui tout fit hommage,
Et son Bayard, quand il vient à finir,
Semble se mettre en humeur de hanir.
En fin, Gaston, pour reprendre mon theme,
Je te diray que tout Paris, qui t’ayme
Plus qu’un friand un bon melon d’Anjou,
Ou qu’une belle un precieux bijou,
Ne songe plus qu’à trouver quelque voye
De tesmoigner son excessive joye,
Lors qu’un courrier crotté jusques au cu
Fera sçavoir que ton bras a vaincu,
Que tout est pris, que cette demoiselle
Qui maint brave homme a fait mourir pour elle
Est renversée, ouvre enfin les genous,
Bref chantera que la beste est à nous.
Dejà l’on tient l’affaire si certaine
Que l’on ne voit coureur de pretantaine
Piquer mazette, en tourmenter le flanc
D’un esperon yvre et rouge de sang,
Que le bourgeois tout aussi tost ne die,
Heures au poing : Viste, qu’on psalmodie !
Gaston, sans doute, est maistre du rempart,
Et ce nazin vient icy de sa part.
Je le croy mesme, et le terme s’approche,
De brimbaler la venerable cloche
De Nostre-Dame, appellent d’un haut ton
Toute la ville à l’honneur de Gaston.
En ce dessein elle promet merveille :
ll ne sera sourdaut qu’elle n’esveille