Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/439

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Lequel crois-tu ? dy-moy ce qu’il t’en semble,
Puis que la mont, d’un tragique laurier,
A couronné nostre cher Du Maurier[1],
Nous a ravy, dans un aspre meslée,
Ce grand second du fameux Galilée,
Qui seul pouvait nous regler là-dessus
Par ses discours si fortement conceus,
Que l’œil du jour et les autres planettes
Sembloient n’oser dementir ses lunettes,
Et qu’on eust dit, à ses vives raisons,
Qu’il eust desjà logé dans leurs maisons.
Or comme un pape il y loge à cette heure,
Il rit là-haut cependant qu’on le pleure ;
Il void sans yeux ce qu’il a debité,
Sçait si la lune est un orbe habité
De farfadets ou de cocquesigrues,
Connoist au vray si l’on nous prend pour grues
De nous chanter des taches au soleil ;
Sçait si ce globe, en vertu sans pareil,
Fixe et mobile est au centre du monde,
Où sur un point, faisant en soy la ronde,
L’on tient qu’il donne aux autres la splendeur,
Le mouvement, l’influence et l’ardeur ;
Cette belle ame enfin est esclaircie
De cent erreurs dont la nostre est farcie ;
Elle sçait tout, elle ne doute plus,
Et nos regrets sont vains et superflus.
Puissions-nous avec elle un jour boire
Du doux nectar que lui verse la gloire !
Et puisses-tu si bien te repentir
Qu’en mes soupçons tu me fasses mentir !
Ce rare amy, que d’encens je parfume,

  1. Nous ne connoissons aucun ouvrage de « ce grand second du fameux Galilée », plus connu par ses ambassades.