Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/448

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Et faisoit luire et voltiger
Sa gloire et presente et future.

Dieu ! quelle bouche exprimeroit
Cette aspre et tragique journée !
Et quelle main couronneroit
La valeur qui l’a couronnée !

Tout ce dont jamais on parla
D’affreux, de sanglant et d’horrible,
Le doit ceder à ce jour-là,
Où mon heros fut si terrible.

Pié contre pié, front contre front,
Les brusques trouppes se heurterent,
Et d’un acier cruel et pront
Leur vive rage executerent.

Plusieurs mousquets des deux partis.
Après le grand feu de l’approche,
En leviers furent convertis
Pour escrazer mainte caboche.

L’ardeur ostoit le temps au temps,
Les poings mesmes devenoient armes,
Et les battus et les battans
Confondoient leurs cris et leurs larmes.

Un bruit formé de cent rumeurs,
Que renforçoit nostre tonnerre,
Étouffoit les aigres clameurs
Des mourans qui mordoient la terre.

L’un, d’une picque outrepercé,
Hurle, s’enfile encor, s’allonge,

    bourg en 1644. Condé et Turenne, après deux attaques désastreuses, l’emportèrent à la troisième. On vit rarement combat plus meurtrier.