Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/461

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Mais d’autre part, lors que la Seine mesme
Nous represente, en son regret extresme,
Que sans malheur on ne peut esperer
De la revoir sa belle onde esclairer,
Que la pensée en est illegitime,
Que le desir n’en peut estre sans crime ;
Nous ne sçavons qu’eslire en ce milieu ;
Et cependant elle nous dit adieu.
Ce brave train dont la superbe entrée
Vole en discours de contrée en contrée ;
Ce somptueux, ce royal appareil[1]
De qui l’esclat a vaincu le soleil,
De qui la pompe et la magnificence,
Ont fait du luxe admirer la licence,
Et dont l’orgueil pacifique et guerrier,
À sur tout autre emporté le laurier ;
La trouppe, dis-je, et triomphante et leste,
Conduit desjà cette reine celeste,
Cette merveille et d’honneur et d’appas,
Aux nobles lieux destinez à ses pas.
Toute la cour, où sa vie adorable
Laisse une odeur divine et perdurable,
L’a desjà mise au chemin desiré,
Et tout Paris en revient esploré.
Ses sentimens ne sont plus dans le doute,
Son interest nulle raison n’escoute ;
ll la regrette, il commence à sentir

  1. L’ambassade des Polonois fut magnifique, dit Tallemant. L’hôtel de Vendôme fut préparé pour recevoir l’ambassadeur et sa suite. On trouve dans les mémoires du temps de nombreux détails sur leur entrée, leur séjour à Paris, etc. — Voy., entre autres, Mlle  de Montpensier, un peu jalouse de « cette reine d’un jour », dans ses Mémoires, Maestricht, 1776, in-12, 1, 135. — Voy. aussi Mme  de Motteville, et surtout Le Laboureur.