Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/478

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Nos vestemens, nos gestes, nos methodes,
Qu’est-ce, ô l’amy ! que tous les estrangers
Ne diroient pas en nous disant legers ?
Et cependant, à nous autres qui sommes,
À nostre advis, les plus parfaits des hommes,
Nos manteaux courts[1], nos bottes aux pieds Ions[2],
Aux bouts lunez, aux grotesques talons ;
Nos fins castors qui du divers Prothée
Semblent avoir l’inconstance empruntée[3],
Tantost pointus, tantost hauts, tantost bas ;
Le simple tour de nos simples rabas,
Notre façon d’estaler sur les hanches
L’exquise toile, ainsi qu’au bout des manches ;

  1. Le manteau étoit un vêtement de dessus que l’on portoit l’été comme l’hiver, l’été par ornement, l’hiver pour se garantir du froid. Les séculiers portoient le manteau court ; les gens en grand deuil, des manteaux longs de drap noir.
  2. « Si un autheur (La Mothe Le Vayer, dans ses Opuscules, Paris, Courbé, 1643, in-8, p. 2156, dans le Traité des habits) a dit aussi qu’il se formalise de ce rond de botte fait comme le chapiteau d’une torche, dont l’on a tant de peine à conserver la circonference, qu’il faut marcher en escarquillant les jambes, c’est ne pas considerer que des gens qui observent ces modes vont à pied le moins qu’ils peuvent. D’ailleurs, quoy-qu’il n’y ait gueres que cela ait esté escrit, la mode en est desjà changée, et ces genouilleres rondes et estallées ne sont que pour les grosses bottes, les bottes mignonnes estans aujourd’huy ravallées jusques aux esprons, et n’ayans qu’un bec rehaussé devant et derriere… Pour revenir aux bottes, il faut les avoir à long pied. » (Les Loix de la galanterie.)
  3. « L’on sçait bien qu’au mesme temps que les longs pieds ont esté mis en usage, l’on a aussi porté des chapeaux fort hauts et si pointus qu’un teston les eust couvers. Neantmoins, la mode de ces chapeaux s’est changée soudain en forme plate et ronde, et les bottes et souliers à long pied sont demeurez. L’on ficha bien une fois un clou à quelqu’un dans ce bout de botte