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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/108

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Pégase enfin n’est qu’un cheval,
Et pour moi je crois, cher Laval[1],
Que qui le suit et lui fait fête
Ne suit et n’est rien qu’une bête.

Morbieu ! comme il pleut là dehors !
Faisons pleuvoir dans notre corps
Du vin, tu l’entends sans le dire,
Et c’est là le vrai mot pour rire ;
Chantons, rions, menons du bruit,
Buvons ici toute la nuit,
Tant que demain la belle Aurore
Nous trouve tous à table encore.
Loin de nous sommeil et repos ;
Boissat[2], lorsque nos pauvres os
Seront enfermés dans la tombe
Par la mort, sous qui tout succombe,
Et qui nous poursuit au galop,
Las ! nous ne dormirons que trop.
Prenons de ce doux jus de vigne ;
Je vois Faret qui se rend digne
De porter ce dieu dans son sein,
Et j’approuve fort son dessein.

Bacchus ! qui vois notre débauche,
Par ton saint portrait que j’ébauche
En m’enluminant le museau
De ce trait que je bois sans eau ;

  1. Le marquis de Laval, fils de Madame de Sablé.
  2. Un des premiers membres de l’Académie. Auteur d’un roman, Histoire négrepontique, imité, dit Segrais, par la Calprenède dans sa Cassandre. Mort en 1662.