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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/15

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pouvons, en équité, reprocher à Saint-Amant de choquer parfois certaines délicatesses décadentes. Sainte-Beuve, souvent timoré, recule devant la limace et le crapaud de la Solitude. Il admet le pendu. Le pendu est romantique. En 1853, Victor Hugo n’avait pas encore réhabilité le crapaud et le crapaud était encore à la porte du temple du goût. Disons plutôt qu’avec son crapaud et sa limace Saint-Amant, comme Théophile Gautier l’a bien vu, devance le goût moderne pour toutes les formes de la vie animale.

Saint-Amant connaît la nature entière, les champs, les bois, la mer. Il a navigué, il a vu les deux mondes, des Antilles à la Méditerranée, de Londres à Varsovie, de Stockholm à Rome et au Maroc. C’est un hardi compagnon que rien n’étonne. Comment aurait-il été compris par Boileau, petit bourgeois malicieux et borné dont les grandes expéditions furent le voyage de Marly ? Saint-Amant a aimé la mer, ce qui semble, au dix-septième siècle français, un paradoxe. Il a joué comme nous sur les plages, dans les rochers, il a « ramassé mainte coquille », il a gravi et dévalé les falaises, il a