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l42 SAINT- AMANT

Et sur ta gorge aussi blanche que lait, Malgré mes dents, me tiennent au collet. Je le confesse et ne m’en puis dédire, Je meurs pour toi, je brûle, je soupire ; Mais, Dieu merci, cela ne m’ôte pas La volupté que l’on goûte aux repas ; Je la savoure ainsi qu’à l’ordinaire, Et sans mentir, belle, c’est pour te plaire : Car je sais bien que tu n’abhorres point Ce qui conserve un illustre embonpoint. Tu me l’as dit par des vers dont les muses Seraient enfin jalouses et camuses, Si ce n’était que leur sexe honoré S’en trouvera d’autant plus admiré.

Outre ces vers, tu me l’as dit en prose ; J’en suis certain, et ta bouche de rose M’a fait connaître, afin de m’engager, Qu’elle savait bien dire et bien manger : Témoins le jour de nos beignets sauvages. Où tes beaux doigts, faisant plus de ravages Que ceux des dieux aux noces de Thétis, Mirent à sac morceaux grands et petits ; Jour, dis-je, enfin, où parmi tant d’éclanches Tu fis sortir deux cuisses de tes manches. Dont en mon cœur si fort je m’étonnai Qu’en dînant même à peine je dînai.