Page:Saint-Amant - 1907.djvu/221

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Saute, rôpée au poing’, vers l’Hébreu qui le presse. L’un charge, l’autre pare, et du glaive soutient Le tranchant furieux qui contre lui revient ; Des fers entre-heurtés il sort mainte étincelle. Ici l’un se tient ferme, et là l’autre chancelle, El,quoiqu’en ce combat leurs corps soient désarmés, Ils n’en sont pas pourtant au choc moins animés. Tous deux grands, tous deux forts, à la palme ils [prétendent ; Le pied, l’œil et la main se suivent et s’entendent ; Le bras s’accorde au cœur, l’art répond au désir, Et de reprendre haleine ils n’ont pas le loisir ; Les ruses, les détours, les surprises, les feintes. Et tout ce que l’escrime en ses vives atteintes A de hardi, d’affreux, de brusque et de cruel. Se mettent en pratique en cet âpre duel.

Mais, quoique le païen vaillamment se comporte. Quoiqu’il paraisse adroit, il ne l’est point en sorte Que du glaive ennemi, formidable à ses yeux, Le ravage mortel ne l’offense en maints lieux. De douleur et de honte il forcené, il blasphème, Il se renfrogne, il hurle, et, d’un dépit extrême, Décrochant à Moïse un regard de travers. Lui lâche sur la tête un rapide revers. Moïse, qui l’observe et qui voit qu’il s’allonge, Loin à l’écart du fer à chef baissé se plonge ; Le fer rencontre un pin, y marque son erreur. Et l’arbre atteint du coup tonne et remit d’horreur.