Page:Saint-Amant - 1907.djvu/37

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Hélas ! quand je vous vois, mes vers, mes chers enfants,
Vous que l’on a trouvés si beaux, si triomphants,
Errer parmi le monde en plus triste équipage
Qu’un prince malaisé qui marcherait sans page,
Quand je vois vos pieds nus, vos membres mutilés,
Et vos attraits sans pair flétris et désolés
Par l’avare désir d’un infâme libraire,
Qui, sous l’espoir du gain, pour chanter me fait braire,
J’avoue, en la douleur de ma tendre amitié,
Que j’ai de votre état une extrême pitié,
Ou plutôt qu’en tel point j’ai peine à reconnaître,
Vous voyant si changés, que je vous ai fait naître.

Saint-Amant.