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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/84

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     Ainsi jamais bruit ni splendeur
          N’entre en ta grotte noire,
Comme autrefois, quand à chaque propos,
     Iris troublait ton doux repos.

     Ha ! voilà le jour achevé,
          Il faut que je m’apprête ;
     L’astre de Vénus est levé,
          Propice à ma requête ;
Si bien qu’il semble en se montrant si beau,
     Me vouloir servir de flambeau.

     L’artisan, las de travailler,
          Délaisse son ouvrage ;
     Sa femme, qui le voit bâiller,
          En rit en son courage,
Et, l’œilladant*, s’apprête à recevoir
     Les fruits du nuptial devoir.

     Les chats, presque enragés d’amour,
          Grondent dans les gouttières ;
     Les loups-garous, fuyant le jour,
          Hurlent aux cimetières ;
Et les enfants, transis d’être tout seuls,
     Couvrent leurs têtes de linceuls*.

     Le clocheteur des trépassés,
          Sonnant de rue en rue,
     De frayeur rend leurs cœurs glacés,