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152 ŒUVRES POÉTIQUES

Mon propos fut rude et mal assemblé
Et toutesfois si vous a-il semblé
Que plus grand fut le cry que le torment ;
Mais si la fin couronne tout ouvrage,
Vous congnoistrez parl’effect clairement
Que plus grand fut le mal que le langage.


VIII.



Mille fois le jour je pense
A vous compter mon martyre,
Mais quand je suis en présence,
Je ne say que je doy dire ;
Car vostre œil qui fait offense
Au cœur où estes emprainte,
A la langue fait defFense,
De vous à vous faire plaincte.
L’amour mal recompensée
Et la faveur attendue
Devroit de vostre pensée,
Sans parler, estre entendue 1 .


1 . Ceci est bien autrement tourné dans ce sonnet de l’abbé Esprit :


Je voudrois bien, Philis... Ah ! fâcheuse contrainte,
Qui m’oblige à cacher tous les vœux que je fais !
Eloignez-vcus de moi, pudeur, respect et crainte ;
Laissez-moi librement exprimer mes souhaits !

Je voudrois donc, Philis, que sensible à ma plainte
Vous... mais que vais-je dire ? ô Dieux ! je vous déplais.
Non ; non ; quelque tourment dont j’endure l’atteinte,
Je vous jure ma foi de ntn parler jamais !