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Marie, avec énergie.
- Quoi ! la mort à celui qui m’a sauvé la vie !…
Chœur.
- Que dit-elle ?… est-il vrai ?… Ce mot change son sort.
CHANT.
Marie.
- Un soir, au fond d’un précipice,
- J’allais tomber, sans son secours :
- Il m’a sauvée en exposant ses jours.
- Voulez-vous encor qu’il périsse ?…
Le caporal.
- Non, vraiment ; s’il en est ainsi,
- Le camarade est notre ami !…
Tonio, tendant la main aux soldats.
(À part.)
- Je le veux bien !… Car, de cette manière,
- Je puis me rapprocher de celle qui m’est chère.
Sulpice.
- Allons, allons… pour fêter le sauveur
- De notre enfant, de notre fille !…
- Buvons, trinquons, à son libérateur !
- Un tour de rhum : c’est fête de famille.
- Allons, allons… pour fêter le sauveur
(A Marie, pendant que les soldats s’apprêtent à boire.)
ENSEMBLE.
Sulpice.
- Pauvre enfant, quelle ivresse
- S’empare de son cœur !
- Cette folle tendresse
- Doit faire son malheur !
Tonio et Marie.
- Quel instant plein d’ivresse !
- Ah ! je sens à mon cœur,
- Que sa seule tendresse
- Peut faire mon bonheur !
Sulpice, à Tonio
- Allons ! trinquons à la Bavière,
- Qui va devenir ton pays !
Tonio, avec force.
- Jamais ! jamais !… plutôt briser mon verre !…
Chœur.
- Que dit-il ?…
Tonio.
- À la France ! à mes nouveaux amis !
Chœur.
- À la France, à la France !… à tes nouveaux amis !
Sulpice, à Marie.
- Pour que la fête
- Soit complète,
- Tu vas nous dire, mon enfant,
- Notre ronde du régiment !
Chœur, entourant Marie.
- Écoutons, écoutons le chant du régiment !
RONDE.
Marie.
PREMIER COUPLET.
- Chacun le sait, chacun le dit,
- Le régiment par excellence,
- Le seul à qui l’on fait crédit
- Dans tous les cabarets de France…
- Le régiment, en tout pays,
- L’effroi des amants, des maris…
- Mais de la beauté bien suprême !
- Il est là, morbleu !
- Le voilà, corbleu !
- Le beau Vingt-et-unième !
Chœur, répétant.
- Le régiment, en tout pays,
- L’effroi des amants, des maris…
- Etc… etc…
Tonio.
- Vive le Vingt-et-unième !
Marie.
DEUXIÈME COUPLET.
- Il a gagné tant de combats,
- Que notre empereur, on le pense,
- Fera chacun de ses soldats,
- À la paix, maréchal de France !
- Car, c’est connu… le régiment
- Le plus vainqueur, le plus charmant,
- Qu’un sexe craint, et que l’autre aime,
- Il est là, morbleu !
- Le voilà, corbleu !
- Le beau Vingt-et-unième !
Chœur, répétant.
- Oui, c’est connu, le régiment
- Le plus vainqueur, le plus charmant,
- Etc… etc…
(On entend le tambour.)
Sulpice, aux soldats.
- C’est l’instant de l’appel !… en avant !
- Et ne plaisantons pas avec le règlement.
Marie et Tonio, avec joie.
- Ils s’en vont !
Sulpice, à Tonio.
- Toi, garçon… hors d’ici !…
Marie, vivement.
- Il est mon prisonnier, et je réponds de lui !
Sulpice, entre eux.
- Moi, je n’en réponds pas… Allons, suis-les, l’ami !
(Deux soldats font sortir Tonio par le fond.)
Chœur général.
- Dès que l’appel sonne,
- On doit obéir.
- Le tambour résonne,
- Vite, il faut courir ;
- Mais, en temps de guerre,
- Narguons le chagrin…
- Nous ne sommes guère
- Sûrs du lendemain !
- Dès que l’appel sonne,
(Sulpice, le Caporal et les Soldats, sortent tous avec Tonio.)
Scène V.
Marie, puis Tonio.
Marie, seule. Ils l’ont emmené… Moi, qui aurais tant voulu causer avec lui… Pauvre garçon ! s’exposer ainsi pour me voir…