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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/125

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Et sur le champ on voit les toits voisins
Environnés de cinquante Lutins.
George, bientôt, avec l’air d’un vieux Reître.
Impétueux, vole par la fenêtre,
Droit sur un char trainé par deux mulets.
Ces deux coursiers étaient nos deux valets,
Par qui, naguère, avint cettuite affaire,
Qui du Frocard maltraita le derrière.
Mes amis chers. ceci vous apprendra
À ne jamais vous mettre en ce cas-là ;
Car vous voyez que la prompte vengeance.
D’un pied léger vers le crime s’élance.
George en fureur, au bruit de maint pétar.
Menace, jure, et fait voler son char.
Il rencontra dame Balourderie.
Qui s’en venait alors de l’Italie,
Selon Pâris, où l’avait appelé
Le bruit naissant d’un Concile assemblé.
George sentit, en la voyant paraître.
Doux mouvement dont il ne fut le maître.
Les deux amans, l’un vers l’autre empressés,
Quelques instans se tinrent embrassés.
George lui dit : « Qu’es-tu donc devenue,
« Ma Déïté, depuis qu’on ne t’a vue ?
« Je t’avourai que, séparé de toi.
« J’étais, hélas ! moi-même loin de moi.
« Cent fois le jour, je maudissois l’Église
« Qui m’enlevait ma chère Balourdise.
« Mais où vas-tu ? viens-tu vers ton amant
« Te délasser des romains protocoles ?
« Hélas ! ce cœur est peut-être inconstant !
« N’allais-tu point à nos États des Gaules » ?
« Quoi ! lui dit-elle, ah ! peux-tu bien penser
« Que de mon cœur ton nom pût s’effacer ?
« Quand mes sermens et ce dernier baiser
« Ne seraient point garans de ma tendresse,
« Ignores-tu que toujours ta maîtresse
« Aima l’Église, et les Moines sur-tout ?