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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/196

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Le Roi Saxon promet au Prince Alain
De lui livrer le coupable Iramin,
Et d’acquitter le serment qui le lie,
En punissant le crime d’Herminie.
Vitikin dit, et gagne les remparts,
Où des soldats erraient de toutes parts.
Dans la cité tout rentre, à sa présence,
Dans le devoir et dans l’obéissance.
Vous avez vu les Aquilons siffler,
En sens contraire entraîner les nuages,
Et sur les flots, les flots amonceler ;
L’onde en fureur menace les rivages ;
Les Matelots, au travers des éclairs,
De cris perçans font retentir les airs.
Jouet des vents, la nef épouvantée,
Du fond des mers est au ciel emportée.
Mais si le Dieu qui gouverne le monde,
Se lève alors sur son trône ébranlé,
Tout est déjà dans une paix profonde,
Et tout frémi avant qu’il ait parlé.
Il n’est qu’un pas du crime à la faiblesse ;
Devant le Roi, tout fuit, l’orgueil s’abaisse.
Les meurtriers des Envoyés d’Hirem
Suivent au camp le perfide Iramin.
Ce faible père, en voyant cette main
Qui d’amertume a rempli sa vieillesse,
Sent redoubler sa rage et sa tendresse.
Chargé de fers, et sombre en son remord,
Iramin froid envisage la mort.
« Ô mon cher fils ! ô ma chère Élémie,
« Disait Hirem en se frappant le sein,
« Que répondrai-je à votre ombre qui crie,
« Et de rigueur arme ma faible main ?
« Que répondrai-je à leur ombre, à moi-même ?
« Voilà la main qui frappa ce que j’aime,
« Qui m’a ravi l’espoir et le bonheur,
« Et de détresse empoisonna mon cœur.
« Voici la main dont le coup déplorable