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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/207

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« La France en deuil, et Paris assiégé.
« Le bon Denis, en telles entrefaites.
« Mène le Magne au travers des planètes.
« Votre patrie enfin n’a plus que vous
« Pour repousser tant d’ennemis jaloux.
« De vos labeurs vous trouverez le terme ;
« Ils ont servi à déployer le germe
« De vos vertus. » « Mon Ange, dit Organt,
« Voici la plaine où j’ai perdu Nicette ;
« Oh ! laissez-moi la revoir un moment ! »
Le bon Gardien fit un signe de tête,
En déplorant tant de légèreté ;
Mais il n’osa parler d’autorité.
« Vous reverrez. dit-il, votre maîtresse ;
« Mais ce sera lorsque votre valeur
« Méritera du Ciel cette faveur,
« Quand vons aurez vaincu cette faiblesse.
« El que ce bras, du sang des ennemis
« Aura baigné l’enceinte de Paris. »
Organt repart : « Ô ma chère Nicette !
« Mais ce vilain aura battu Perrette !… »
Comme il parlait, il voit, du haut des airs,
Que le char blanc plane au-dessus des mers.
L’Ange lui dit : « Je vous mène en Sicile ;
« À l’orient vous découvrez cette île,
« Comme un vaisseau qui fuit dans le lointain,
« Enveloppé des vapeurs du matin.
« Vulcain vous forge une armure honorable,
« Et d’une trempe aux coups impénétrable.
« Vous trouverez au bout de ce vallon,
« Sous des rochers, l’antre du Forgeron.
« Adieu, mon fils, craignez Dieu, soyez pie,
« Vous reverrez bientôt votre patrie. »
L’Ange, à ces mots, les rênes suspendit ;
Antoine Organt à terre descendit,
Et le Gardien, dans sa course rapide,
D’un trait de feu peignit l’azur du vide.