Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/315

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À Rome, à Athènes, à Carthage les pouvoirs étaient quelquefois une seule magistrature ; la tyrannie était toujours près de la liberté ; aussi on établit des censures de diverses manières ; en France il n’est point de pouvoir à parler sagement, les lois commandent seules, leurs ministres sont comptables les uns envers les autres et tous ensemble à l’opinion, qui est l’esprit des principes.

CHAPITRE XI

CONSÉQUENCES GÉNÉRALES

Dans une constitution pareille, où l’esprit s’échauffe et se refroidit sans cesse, il est à craindre que des gens habiles, fatiguant les lois, ne se mettent à la place de l’opinion, pleine de maximes qui fortifient l’espoir de l’impunité.

Je suis las d’entendre dire qu’Aristide est juste, disait un Grec de bon sens.

Le monarque est surtout à redouter, il est comme Dieu qui a ses lois auxquelles il se conforme, mais qui peut tout le bien qu’il veut, sans pouvoir le mal. S’il était guerrier, politique, populaire, la constitution pencherait au bord d’un abîme ; il vaudrait mieux que la nation fût vaincue, que le monarque ne triomphât. Je souhaite à la France des victoires dans son sein, des défaites chez ses voisins.

Les pouvoirs doivent être modérés, les lois implacables, les principes sans retour.

CHAPITRE XII

DE L’OPINION PUBLIQUE

L’opinion est la conséquence et la dépositaire des principes. Dans toutes choses le principe et la fin se touchent où elles sont bien prêtes à se dissoudre. Il y a cette différence entre l’esprit public et l’opinion, que le premier se forme des rapports de la constitution ou de l’ordre, et que l’opinion se forme de l’esprit public.

La constitution de Rome était la liberté ; l’esprit public, la vertu ; l’opinion, la conquête. Au Japon, la constitution (si je peux