Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/336

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n’est plus sacré : la vérité seule est absolue.

Dieu donna de mauvaises lois aux Hébreux ; ces lois étaient relatives, et n’étaient inviolables que tant que les Juifs seraient mauvais ; elles devenaient un bien par rapport à des ingrats ; elles auraient été un mal par rap­port à des saints ; toute voie qui conduit à l’ordre est pure ; toute voie qui n’éloigne point de la sagesse est pure, et mène à Dieu.

Combien est humain le langage de ces pieux aveugles, qui cherchent Dieu hors de l’harmonie même, qui le rendent le principe d’un désordre absolu. Dieu ne confond point les temps ni les hommes ; sa sagesse varie ses conseils, elle est imperturbable à travers des révolutions, et perce toujours.

L’Assemblée nationale a refusé de déclarer la religion catholique celle de l’État, elle a bien fait ; c’était une loi de fanatisme qui eût tout perdu ; mais je prie qu’on examine avec quelle sagesse la loi s’est établie d’elle-même ; la religion catholique embrasse seule le sacerdoce public et l’épiscopat ; la loi qui donne aux protestants la qualité civile d’électeur, pour nommer aux dignités ecclésiastiques, confond sa croyance au lieu d’altérer la nôtre.

CHAPITRE XXI.

DES MOINES

Une des causes qui empêcheront la liberté de pénétrer dans les Indes est la multitude des bramines ; ce sont les rites qui enchaînent la plupart de ces pauvres peuples. L’effroi a beaucoup tyrannisé l’Europe. Les ravages de l’ignorance, après le Bas-Empire, furent incroyables ; on en doit accuser la tyrannie des moines, et leur vie stupide ; cette institution venue de l’épouvante des dogmes ébranla toutes les lois, et créa des vertus stoïques inutiles au monde. La vie céleste qu’on mena sur la terre enfantait peu à peu le fanatisme, qui déchira depuis la monarchie.

On a moins vu de guerres de religion dans les contrées de l’Europe, à mesure que le crédit des moines y était