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IV

DISCOURS SUR LES SUBSISTANCES


Le 29 novembre 1792, une députation du Conseil général de la Commune de Paris vint exposer, à la barre de la Convention, la situation misérable faite au peuple par les accapareurs des subsistances. La députation demandait pour les autorités constituées le droit de taxer les denrées de première nécessité. C’est à cette occasion que, dans la même séance, Saint-Just prononça ce discours, qui fut imprimé par ordre de la Convention.


Citoyens,

Je ne suis point de l’avis du comité : je n’aime point les lois violentes sur le commerce. On peut dire au peuple ce que disait un soldat carthaginois à Annibal : « Vous savez vaincre ; mais vous ne savez pas profiler de la victoire. » Les hommes généreux qui ont détruit la tyrannie ignorent-ils l’art de se gouverner et de se conserver ?

Tant de maux tiennent à un désordre profondément compliqué. Il en faut chercher la source dans le mauvais système de notre économie. On demande une loi sur les subsistances. Une loi positive là-dessus nesera jamais sage. L’abondance est le fruit d’une bonne administration ; or la nôtre est mauvaise. Il faut qu’une bouche sincère mette aujourd’hui la vérité dans tout son jour. Je ne puis traiter utilement la matière des subsistances sans entrer dans quelques détails sur notre économie vicieuse ; j’ai